Récit "Ouverture d'un gros monstre !"

Ouverture du plus gros canyon de la vallée, Chamjé Khola inférieur ( -1000m)
Horaire total : 18h00


On part du village de Jagat à 9h30 pour 1200m de dénivelé avec de bons sacs (15kg de matos d’équipement, bivouac, nourriture). L’accès n’a pas été repéré (deux autres accès ont été repérés préalablement sans succès), mais d’après nos infos (« anciens » du village de Chipla), le chemin est emprunté régulièrement par des chasseurs de miel.



Nous suivons d’abord la marche d’approche de Jagat kola, traversons le canyon et grimpons jusqu'à la fin de la partie habitée et cultivée. Le sentier monte ensuite dans les herbes sèches où l’on domine la vallée du Marsyangdhi de 1000m, quel panorama ! La suite est au milieu d’une dense végétation et de bambous où il faut jouer de la machette. On arrive enfin par une vire après 4h30 de marche au pied d’une cascade de 30m. On y est !! Merci les « mielleux ». Après s’être chacun consciencieusement débarrassé de nombreux tiques, on s’installe pour le bivouac.


A 2200m les nuits sont fraîches et avec deux duvets pour cinq, personne n’hésite longtemps à se coller les uns aux autres. Ca manque de filles quand même !


Il est 8h et je déséquipe la première C50. Elle est froide ! Réveil brutal dans la houle et les embruns des 300 litres d’eau par seconde qui se fracassent non loin de moi : « Gloup, gloup, Greg aide moi ! ». Et bien cela promet !


On avale le dénivelé à grandes enjambées grâce à de grands chaos à forte déclivité. Les déséquipeurs s’y repairent facilement grâce aux cairns judicieusement placés par les ouvreurs : « en plus c’est balisé ? ». Des blocs énormes barrent les gorges et la progression devient spéléologique ; rappel dans les blocs, opposition dans des fissures…

Les cascades s’enchaînent toujours dans un décor sauvage et idyllique puis les gorges se resserrent et la progression devient plus technique.


Fred qui équipe encore, puisant son énergie dans l’euphorie d’ouvrir, commence tout de même à être moins lucide. Après une longue escalade en artif, il descend malgré tout 15m plus bas dans un V où deux veines d’eau viennent se fracasser dans un bruit de tonnerre ! « Non Fred ! ». Trop tard, il disparaît dans les gerbes d’eau et reste invisible pendant de nombreuses secondes qui nous semblent une éternité ! Puis il est recraché comme un fétu de paille. « Nous on préfèrerais un rappel guidé quand même, Fred ! ».


Le jour baisse et c’est la dernière C140 qui plonge dans le Marsyangdhi. Je déséquipe à la frontale dans la nuit, ne voyant que les embruns qui viennent me lécher !

Il reste le « bac » à faire dans un rapide de l’énorme rivière dévalant depuis les haut sommet mais la nuit et la fonte des neiges importante nous font provisoirement renoncer. Donc nouveau bivouac et le seul sachet de « noodle-soupe » pour cinq a du mal à rassasier les estomacs ! 
A l’aube tout le monde est sur le qui-vive. Je saute d’un gros bloc, 4m plus loin au-delà de la veine d’eau dans un contre-courant. Une tyro rappelable est installée et le reste du groupe peut facilement traverser.

Pendant l’heure de marche qu’il reste à parcourir pour rentrer au lodge chacun imagine le triple « dal-bat » (plat traditionnel à base de riz-lentilles) et la viande de yack séchée bien mérités qui nous attendent ! Chamje kola a tenu toutes ses promesses ! Il ne nous reste plus qu’à ouvrir la partie supérieure une prochaine fois (1000m de plus !!). Le rendez-vous est prit pour 2011.
 

Lio Rias – « Canyon au Népal 2005 »

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