Salut
Une nouvelle équipe de la HCT s'est rendue au Népal cette année. Nouvelle équipe, nouveau massif! Nous sommes allés explorer les canyons du massif du Daulagiri... Petit récit, illustré par les dessins de Mathieu Desdevises et une sélection de photos.
Après le massif des Annapurnas (en 2004, 2005, 2007 et
2011) et celui du Manasalu (2010), le Daulagiri est le troisième massif
culminant à plus de 8000 d'altitude dont nous explorons les canyons. Nous avions pour objectif cette année d'ouvrir au moins 3 courses repérées en
novembre dernier par des membres de l’équipe lors d’un repérage. Il
s’agissait également de faire le point avec les autorités népalaises sur
les retombées des 2 évènements internationaux mis en place l’année
dernière sur le tour des Annapurnas par la Nepal Canyoning Association
(NCA, fédé locale de canyon) et l’Himalayan Canyon Team :
l’expédition « Chamje Khola : ouverture du plus gros canyon du monde » et le 10ème Rassemblement International Canyon.
Tilak Lama, président le la NCA nous a appris qu'une
convention était en cours de finalisation entre le gouvernement népalais
et la NCA afin de donner officiellement à cette dernière l'autorité
pour gérer l'activité dans le pays. Ce qui veut dire que les 2 diplômes
que nous avons créés pour elle lors du stage de formation 2008 (le
Basic et l'Advanced Canyoneer, merci à l'Ecole Française de Canyon) sont
en passe d'être déclarés comme étant les seuls permettant d'encadrer
professionnellement le canyonisme dans le pays. C'est une excellente
nouvelle : l'activité va désormais être encadrée dans un cadre législatif
contraignant et clairement défini par des guides correctement formés et
compétents. Ce qui est un gage de fiabilité et de sécurité pour les
personnes qui souhaiteront désormais pratiquer sur place. Ce point
précis est depuis le début de notre action un de nos objectifs
principaux et nous avons appris cette nouvelle avec beaucoup de
plaisir.
De plus, le RIC et l'expédition Chamje Khola ont largement contribué à l’identification de l’activité par les népalais, grâce
notamment aux très nombreux articles de presse et reportages télé
diffusés dans le pays après leur réalisation. Jusqu’alors nous ne
rencontrions que des regards intrigués ou interrogateurs lorsque nous
disions que nous faisions du canyoning, les népalais (comme beaucoup de
français et d’occidentaux en fait) confondant notre sport avec le
rafting ou le kayak. Nous avons constaté une très nette différence cette
année, beaucoup de locaux nous disant avoir vu des images de canyon à
la télé ou lu des articles. Positif donc. Et puis la NCA nous a
appris qu’elle préparait l’organisation du premier Rassemblement
National de Canyon, prévu pour mi-mai… Le travail de la HCT sur ce point est totalement pertinent et efficace, même s'il reste du travail à accomplir. La dynamique de développement est lancée sur place et l’odyssée suis son cours…
D'autre part, notre association a accumulé par l'intermédiaire de ses membres depuis le début du projet en 2004 un savoir faire, une expérience et des méthodes de travail indéniablement efficaces : ces 3 nouveaux canyons 2012 portent à 21 le nombres de courses ouvertes par la HCT au Népal (et 7 en Inde, soient plus de 10 000m de dénivelés explorés au total). Après le RIC et l'expé Chamje Khola l'année dernière, nous souhaitions intégrer de nouveaux membres pour apporter du sang neuf à notre équipe, avec le soucis de partager et de diffuser notre expérience et notre savoir faire en matière d'ouverture.
C'est lors du RIC l'année derniere que William Stenou et Jean Paul Cabrerizo, membres de l'équipe de rééquipement des canyons, avaient formulé l'envie de monter une expédition dans le massif du Daulagiri, où Jean Paul avait repéré quelques cascades lors d'un trek réalisé quelques années auparavant. Ils sont finalement partis en reconnaissance sur le secteur en novembre 2011, avec Guillaume Farges, et nous ont ramené de belles photos, confirmant leur intuition : il y avait du canyon à ouvrir dans le Daulagiri! La phase d'exploration, c'est la partie plaisir, mais encore faut il savoir où explorer! Une phase de reconnaissance est donc indispensable. Et ce n'est pas la moindre des taches, c'est même un véritable travail de collecte de données, parfois difficile et fastidieux qui permettra d'organiser au mieux l'expédition... Et puis une reconnaissance peut toujours être infructueuse... Mais bon, ca donne aussi l'occasion d'aller se balader dans des endroits reculés et le Népal n'est pas le pire des pays pour ca! A will, Jean Paul et Guillaume se sont ensuite rajoutés Johanna Cabrerizo, Gleen Aoustin, Hervé Soulier, Mat Desdevises, Micheline Pastor et Bhopal pour former le HCTeam 2012.
Mais avant d'aller se frotter à l'exploration il nous fallait nous préparer car nous n'avions jamais pratiqué tous ensemble, et a fortiori ouvert des canyons au fin fond de l'himalaya! Nous nous sommes donc rendus sur le
secteur de la Marsyangdi, sur le tour des Annapurnas, où a eu lieu
l’année dernière le 10
ème Rassemblement International Canyon.
Nous y avons répété Sansapu, Raindu et Babou Khola, le temps de se
familiariser avec les spécificités des canyons népalais, très verticaux,
ainsi qu’avec l’ambiance en montagne dans l’Himalaya. Ce temps
d’adaptation, d’échauffement sur un secteur déjà équipé s’est avéré
être important et plus que nécessaire afin de souder l’équipe et de
caler tous les équipiers sur les techniques employées en ouverture. Nous
sommes restés 5 jours sur place.
Direction
ensuite Pokara, a 6h de bus, où nous avons préparé la logistique pour
la session d’ouverture, engagé des porteurs et rechargé un peu les
batteries. Le lendemain, départ en bus pour Béni (8 canyoneurs + 5
porteurs), puis en jeep pour Darbang, bout de la piste et début du trek
sauvage du tour du Daulagiri. Histoire de vous donner une idée, nous
avons mis 8 heures pour faire 150 km… De Darbang, 1 journée et demi de
marche pour rejoindre Boghara (4 maisons et 20 habitants), notre camp de
base, au pied du Manapathi, crête du Daulagiri culminant a 6390m
d’altitude.
Le
trek du Daulagiri est technique et engagé et il est très peu fréquenté.
Pas d’électricité donc, un confort minimum - mais suffisant : eau
froide pour se laver et paillasse en guise de matelas - et des locaux
toujours aussi souriants, accueillants, curieux et bienveillants. Ce
pays est aussi remarquable pour ses paysages somptueux que pour ses
habitants. Un vrai séjour hors du temps…
De Boghara nous avons
ouvert Khamo et Jeltung Khola cumulant chacun 300 m de dénivelé et
présentant de très beaux enchainements de cascade (max 40m), même si le débit dans
Jeltung était un peu bas. Nous avions également prévu d’ouvrir Amarke
Khola, un beau bébé de 400m de dénivelé prenant sa source sur les
contreforts du Manapathi. Engagés et techniques, ses amonts sont
visibles depuis le chemin du trek, en l’occurrence une énorme cascade
distante de 1 ou 2 km à vol d’oiseau se formant juste en dessous d’un
glacier bien visible, à 5000m d'altitude. Température de l’eau : 6°… Un
canyon engagé et encaissé, une eau glaciale, une orientation plein ouest
(ce qui veut dire peu de soleil) et un enchainement de cascades
visiblement technique et aérien… L’équipe manquait d’expérience pour se
lancer dans l’ouverture de ce canyon. "Pas là pour se mettre také" comme
on dit dans le milieu… Nous avons donc suivi la voix de la raison et
sommes redescendus vers le bas de la vallée pour ouvrir Chaari Khola,
aux dimensions plus modestes (250m de dénivelé) mais très esthétique.
Nous
sommes ensuite rentrés à Pokara, puis a Katmandou, en 3 jours. Retour à
la « civilisation »…En tout, nous avons passé 17 jours en montagne,
cohabitant à 14 dans un confort spartiate mais au milieu de décors à
couper le souffle. Nous projetions d’ouvrir 3 canyons et 900m de
dénivelés : à 50m près, la mission est remplie ! Le secteur est
magnifique, très sauvage et prometteur car nous avons repéré au moins 3
autres courses à ouvrir, de dimension modeste, excepté Amarke Khola.
Après cette première expérience, l’équipe est désormais prête à
s’attaquer à cette course technique, surement l’année prochaine…
Encore
une expérience humaine et sportive d’une rare intensité donc, immergés
au cœur des montagnes népalaises au milieu de somptueux paysages et
entourés de gens d’une rare gentillesse. Que du bonheur donc !
Allez, prenez soin de vous et à bientôt pour de nouvelles aventures arrosées !
Merci a nos sponsors, Béal, Aventure Verticale et Vade Retro, à la Fédération Française de Spéléologie et au Spéléo Club de la Vallée de la Vis (SCVV).
L'équipe HCT 2012 : Yann Ozoux, William Stenou, Jean Paul Cabrerizo, Mathieu Desdevises, Guillaume Farges, Johanna Cabrerizo, Hervé Soulier, Glenn Aoustin, Micheline Pastor et Bhopal.